Neuvième épisode


Résumé du chapitre précédent :

Le ciel s’est obscurci et la mer est devenue si grosse que Jean conseille à la fée et à Fleur de Lune de rentrer dans leur cabine. Il faut se remplir l’estomac, sans boire, pour résister au mal de mer. Mais après que nos deux amies ce soient rassasiées,  la Fée décide de sortir car elle pense qu’on peut avoir besoin d’elle pour soigner des malades. La tempête est terrifiante. Au moment où la Fée  sort sur le pont avec Fleur de Lune, elles rencontrent Monsieur de Champlain. Il leur annonce que le chirurgien du bord et un jeune marin sont blessés. La Fée demande à Fleur de Lune d’être son assistante et va au chevet du jeune garçon. La fillette accompagnée de Jean affronte les éléments en furie pour aller chercher la trousse de secours.


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De son côté, le Chat n’était pas à la fête… Au début, il s’était plutôt bien amusé. Il avait même trouvé superbe le ciel changeant de couleur, les vagues dans tous les sens, le vent soufflant en rafales, les marins s’affairant dans la tourmente… Mais quand les vagues  en question avaient commencées de grossir et de grossir encore… Il avait un peu déchanté. Comme par un fait exprès, la première déferlante qui passa  par-dessus le bastingage fut pour lui. Fort heureusement, elle ne l’emporta pas.  Il s’était accroché de toutes ses griffes à son rouleau de cordage préféré. Lui, qui avait cru pouvoir admirer tranquillement le spectacle de la mer en furie, comme au cinéma, c’était plutôt raté !

 

Trempé comme une soupe  et tout à fait conscient qu’un chat mouillé est parfaitement ridicule, il voulut se réfugier auprès d’un marin qu’il croyait être son ami… Erreur ! Fatale erreur ! Il reçut un monstrueux coup de savate et fut bien obligé de constater que l’amitié avec les humains n’existait pas vraiment…

-« Espèce de matou du diable, hurla le marin, tu vois bien que ce n’est pas le moment de te fourrer dans mes pattes. »

Il se dit en lui-même  que les hommes n’ont pas de pattes, mais n’étant pas censé être un chat qui parle, il resta muet.

-« Tu vois don’ pas qu’on est dans un sale pétrin, ajouta le marin. Si on s’en sort vivant on aura de la chance, jte  l’dis moi ! Une tempête comme celle-là, j’en ai pas vu souvent. Allez file, non mais tu t’es vu ? On dirait qu’t’es tombé dans la soupe. Qu’est-ce qui m’a foutu un animal pareil. »

Déçu et vexé, le Chat se précipita vers la cuisine pour retrouver son nouveau maître. Hélas, tout y était sans-dessus-dessous. On naviguait entre les plats renversés, on marchait dans les casseroles, et les écuelles nageaient dans un liquide jaunâtre répandu sur le sol. Il faut dire que c’était le premier voyage du jeune cuistot.  Quand cela avait commençait de tanguer un peu, il ne s’était pas vraiment méfié. Il avait continué consciencieusement de préparer le repas, sous l’œil narquois et même dédaigneux d’un vieux marin qui l’attendait au tournant et qui en repassant par là, lui dit :

-« Alors le bleu, t’apprends le métier ?

Puis, avec mépris, il cracha sa chique sur le sol, juste au milieu de la  flaque jaunâtre, seul reste de ce qui aurait du être la soupe des passagers. 


Le Chat trouva que ce n’était pas très gentil. Pourquoi ce vieux marin expérimenté n’avait-il pas simplement expliqué ce qu’il fallait faire en pareil cas ?

Le pauvre jeune cuistot effondré, pleurait de rage, devant tout ce gâchis.  Le Chat, sincèrement désolé, vint gentiment se frotter contre les jambes de son nouveau maître.

Et soudain, oh surprise ! Un moment de tendresse ! Le cuistot prit le brave Chat tout mouillé dans ses bras. Ce dernier, très ému, lécha  les larmes  du jeune homme à grands coups de langue râpeuse pour le consoler.

 

 

C’était un bien joli tableau ! Mais ça ne pouvait pas durer… Il fallait, au plus vite, tenter de sauver ce qui pouvait l’être, et le cuistot, tout nouveau qu’il était, avait bien l’intention d’y arriver.

Alors, le Chat se rendit compte qu’il ne serait d’aucune utilité. Il se frotta  une dernière fois contre les jambes de son nouveau maître, lapa un peu de potage répandu sur le sol, par politesse et solidarité et sans demander son reste, quitta la cuisine.

Avant de se diriger vers la cale, il lança un regard plein de tendresse et de compassion au pauvre cuistot, qui, comble de malheur, commençait d’avoir le mal de mer…

 

Le Chat ne remonta pas sur le pont, tant pis pour le spectacle. Il alla s’installer dans un coin bien douillet de la cale, son coin à lui. Là, juché tout en haut de son ballot de laine il  ne tarda pas à s’endormir.
 

Hélas, il ne dormit pas longtemps !

 De gros paquets de mer ayant, à la longue, gravement inondés le  plancher des ponts inférieurs, l’eau ne tarda pas à passer au travers des lames disjointes du plancher.




Il fut  réveillé en sursaut avec l’impression de recevoir tout le contenu d’un broc d’eau sur la tête. C’était sans doute  un cauchemar !

-« Je suis en train de me noyer, nous avons fait naufrage, hurla-t-il avant de réaliser que  la situation était moins dramatique qu’il ne l’avait  pensée… »

Ivre de sommeil, il décida d’émigrer vers une vieille malle éventrée, dans laquelle il avait déjà fait quelques siestes. 

Il pria le Dieu des chats de faire que le navire tienne bon et que la cale ne soit pas totalement inondée.  Puis il se rendormit, tout mouillé qu’il était.



 

Pendant ce temps, la Fée s’était rendue au chevet du marin blessé. C’était un tout jeune garçon au cheveux roux.
Il hurlait de douleur et elle comprit aussitôt que sa trousse de secours ne suffirait pas. Si elle n’utilisait pas ses talents de fée, il mourrait dans la nuit.

 

A suivre…





Le Chat va-t-il continuer sa nuit tranquille
malgré la tempête ?

Le jeune marin survivra-t-il grâce aux soins de la Fée ?

Le galion va-t-il résister aux assauts des vagues ?


Vous trouverez peut-être la réponse dans la prochaine bouteille à la mer qui arrivera le 1er Mai…



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